PROCHE ORIENT

Les problèmes entre Juifs et Arabes commencèrent véritablement au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu’à la suite de l’holocauste, d’innombrables Juifs décidèrent d’immigrer en Palestine, d’aller vers leur terre promise. Pour bon nombre d’entre eux, principalement des rescapés des camps de concentration, rester en Europe après ce qu’ils appèlent la Shoah, était inimaginable. Cet immense transfert de population effraya le peuple palestinien qui désirait rester majoritaire. Les Britanniques qui géraient la Palestine, décidèrent donc de restreindre l’immigration juive. Cette mesure nuisit incroyablement à l’image internationale de la Grande-Bretagne, qui choisit de confier ce dossier à l’ONU, en 1947. Le 29 novembre de cette même année, les Nations Unies adoptèrent un plan de partage de la Palestine qui mettait fin à la tutelle anglaise et partageait la Palestine en deux états indépendants, l’un arabe (qui ne verra jamais le jour), l’autre juif. Le 14 mai 1948, jour du retrait des derniers soldats anglais, Israël proclama officiellement son indépendance. Dès le lendemain, les pays arabes qui s’étaient opposés à la formation d’Israël, c’est à dire l’Égypte, la  Jordanie, la Syrie, le Liban, et l’Irak, attaquèrent le nouvel État.

La guerre israélo-arabe de 1948-1949 sera le premier d’une longue série de conflits opposant Israël à ses voisins. Cette guerre, qu’on appelle aussi guerre d’Indépendance, obligea les forces de défense d’Israël, encore peu équipées et peu formées, à se battre pendant 15 mois, et coûta la vie à 6000 Israéliens (1% de la population juive d’Israël à cette époque). Malgré leur net avantage numérique et matériel, les Arabes ne réussirent pas à prendre le dessus, à cause du manque de coordination entre leurs différentes armées, mais aussi à cause d’un manque important de préparation. En janvier 1949, des négociations dirigées par l’ONU entre Israël et les pays arabes, aboutirent à un accord de paix. Ce dernier permit à Israël qui avait gagné la guerre, d’annexer la plaine Côtière, la Galilée et le Néguev, ainsi que la partie occidentale de Jérusalem.

À la suite de ce conflit, Israël donna la priorité à l’édification de l’État, encore jeune. Malheureusement, le traité de 1949 n’avait pas réussi à établir une paix permanente et, en 1956, la crise de Suez déclencha la deuxième guerre israélo-arabe. Israël la remporta facilement et elle lui permit (encore une fois) d’agrandir son territoire en y annexant la Bande de Gaza et la péninsule du Sinaï.

Israël de 1947 à 1949

Israël de 1967 à 1949

Alain HOUOT, Collège Gaston Defferre, Marseille

Lors du premier sommet arabe, en 1964, naît l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Quelques années plus tard, en juin 1967, Israël se livra à une guerre préventive contre l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. Effectivement, depuis quelques temps déjà, l’Égypte procédait à d’importants déplacements de troupes dans le désert du Sinaï. Au cours de cette guerre « éclair », l’armée israélienne réussit à détruire 70% de l’armement ennemi et tua 20 000 arabes, alors que seulement 760 de ses hommes mouraient. Les combats, qui ne durèrent que quelques jours, permirent à Israël de déstabiliser les Palestiniens et d’obtenir la partie est de Jérusalem, ainsi que la Cisjordanie et le plateau de Golan. Après cette troisième confrontation entre Israéliens et Arabes, la guerre de Six jours, on tenta d’arriver à une entente qui assurerait une paix durable. Cette tentative échoua cependant, à cause du manque de coopération des Palestiniens.

En 1969, Yasser Arafat devint président de l’OLP qui se radicalisa. Après l’écrasement de cette organisation en Jordanie, en septembre 1970, naquit un mouvement terroriste palestinien : Septembre Noir. Ce mouvement effectua une quarantaine d’opérations, dont la plus spectaculaire est sans aucun doute le massacre de onze athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich, en 1972. Cet événement permit à l’OLP d’être reconnue à travers le monde comme représentante du peuple palestinien. Évidemment, le massacre de Munich ne resta pas sans représailles de la part des Israéliens, qui s’en prirent aux Arabes vivant dans les territoires occupés.

Après une trêve de quelques années, en 1973, éclata la guerre du Kippour. Cette guerre, déclenchée le jour du grand pardon juif, prit Israël par surprise. Atteignant ainsi le premier de ses deux objectifs, le second étant de sortir les États-Unis de leur torpeur, les Égyptiens attaquèrent par le canal de Suez, alors que les Syriens envahirent le plateau de Golan. Rapidement, Israël qui était appuyé par les Américains, repoussa ses opposants hors de son territoire. À la suite de la guerre du Kippour, qui fut la plus internationalisée des guerres israélo-arabes, l’OPEP quadrupla le prix du pétrole et annonça un embargo envers les États-Unis et les Pays-Bas, afin de les punir d’avoir aidé l’État hébraïque.

À la suite de nombreux appels à la paix, tous rejetés par les Palestiniens, mais aussi à cause d’un besoin urgent d’aide financière des États-Unis, Anouar El-Sadate, le président égyptien, se rendit en visite à Jérusalem en novembre 1977. Cette visite permit à Israël et à l’Égypte d’engager les longues négociations qui conduisirent aux Accords de Camp David. Le désaccord entre les deux partis provenait essentiellement  du fait que Sadate demandait  le respect du droit à l’autodétermination des Palestiniens, ce que les Israéliens ne voulaient reconnaître. Après quelques temps, ils laissèrent tomber ce point.

À Camp David, en 1978, Sadate et Begin arrivèrent enfin à un accord qui prévoyait la restitution de la péninsule du Sinaï aux Égyptiens (en 1982), qui mettait fin à de nombreuses années de guerre entre les deux pays et qui encourageait l’instauration de relations diplomatiques, économiques et culturelles entre Israël et l’Égypte. Cependant, ces accords provoquèrent le mécontentement des Palestiniens qui firent exclure l’Égypte de la Ligue arabe et firent payer Anouar El-Sadate de sa vie. Il fut assassiné en octobre 1981 par des fondamentalistes islamiques, au cours d’un défilé militaire.

En 1982, Israël déclencha l’opération Paix en Galilée dans le but de chasser l’OLP du Liban, comme on l’avait fait en 1970 en Jordanie. La guerre du Liban, ou cinquième guerre israélo-palestinienne, réussit à affecter l’infrastructure de l’OLP, sans pour autant être un succès. En effet, cette guerre coûteuse en hommes et en argent rompit le consensus national en Israël et ne réussit pas à étouffer le nationalisme palestinien au Liban.

Quelques années plus tard, en 1987, commença l’Intifada, ou guerre des pierres. Les Palestiniens vivant sur les territoires occupés par Israël se révoltèrent ; ils voulaient amener les Israéliens à discuter avec eux. Ce soulèvement dura plusieurs années. C’est cependant la guerre du Golfe (1990-1991) qui amena Israël à ouvrir les discussions avec l’OLP. En septembre 1993, après la chute du communiste en URSS, les États-Unis s’imposèrent comme seuls maîtres du monde et décidèrent de lancer un projet de processus de paix pour le Proche-Orient. 

En 1992, les travaillistes arrivèrent au pouvoir en Israël. Dès le début de 1993, à Oslo, en Norvège, commencèrent des pourparlers secrets entre l’OLP et Yitzhak Rabin. En septembre, les négociations aboutirent et, dans les jardins de la Maison Blanche, une chose que l’on croyait impossible se produisit : Rabin et Arafat se serrèrent la main. Au même moment, Shimon Pérès et Abou Mazen signèrent une déclaration de reconnaissance mutuelle.

En novembre 1995, Yigal Amir, un étudiant d’extrême droite, assassina Yitzhak Rabin. Pour la première fois, Yasser Arafat se rendit en Israël. Il présenta  ses condoléances en personne à la veuve du premier ministre. Shimon Pérès succéda à Rabin. L’année suivante, il lança l’opération « Raisins de la colère » contre le Liban, en réponse au tir de roquettes dans le nord d’Israël. Le 27 avril, on convint d’un cessez-le-feu. La même année, Yasser Arafat fut élu à la présidence de l’autorité palestinienne et Benyamin Netannyahou prit le pouvoir en Israël. 

En 1998, Netannyahou et Arafat signèrent les accords de Wye Plantation, qui prévoyaient le retrait progressif des troupes israéliennes de Cisjordanie. Cependant, Netannyahou cessa l’opération dès décembre, car il accusait les Palestiniens de violer leur part du contrat. Il avança aussi la tenue des élections de plus d’un an. Ehud Barak sortit gagnant de ce scrutin. Un des buts de Barak est d’établir une paix définitive avec les États arabes voisins. Déjà, des pourparlers avec la Syrie sont en cours.

Le Moyen-Orient fut marqué par de nombreux affrontements au 20e siècle. Est-il réaliste d’espérer l’instauration d’une paix durable en ce début du 21e siècle?